Comment la foire Art Basel a transformé Miami
La 16e édition de la foire d'art contemporain de Miami se tient jusqu'à ce dimanche. Art Basel a entraîné dans son sillage l'ouverture de nombreux musées, hôtels branchés ou boutiques de luxe.
Depuis ce mercredi et jusqu'à dimanche, c'est l'effervescence dans la métropole la plus au sud des Etats-Unis où se tient la 16e édition de Art Basel Miami. Pas moins de 90.000 personnes sont attendues et non des moindres.. La quantité de Bentley ou de Porsche croisées dans les rues impressionne plus que les séquelles désormais peu visibles du passage d'Irma .
Depuis le lancement de la foire d'art contemporain en 2002, Miami a profondément changé, avec l'installation de plus d'une centaine de galeries, la multiplication de musées publics et privés, l'implantation d'hôtels branchés et de marques de luxe. Ces cinq dernières années, le nombre de chambres est passé de 48.000 à 55.000, avec l'ouverture d'une soixantaine d'établissements haut de gamme, et les prix grimpent de 300 à 1.000 dollars la nuit pendant la foire.
Et le Convention Center, dont Art Basel est le plus important client, a fait l'objet d'un programme de modernisation de 700 millions de dollars. Il a été encore agrandi de 10 % cette année pour mieux accueillir les 268 galeries de la foire, venues de 32 pays. « Pour Art Basel Cities, les maires évoquent toujours l'exemple de Miami où l'impact de la foire est estimé chaque année à un demi-milliard de dollars », constate Patrick Foret, chargé de ce programme d'ingénierie culturelle.
Un investissement lourd pour les galeristes
Sur les 2,5 millions d'habitants de l'agglomération, la moitié est née en dehors des Etats-Unis. Pas étonnant qu'Art Basel Miami soit réputé pour attirer les collectionneurs des deux Amériques et au-delà. L'aéroport de la ville, récemment réaménagé, dessert pas moins de 135 destinations. « La ville a beaucoup changé grâce à Art Basel et sa clientèle de qualité », confirme la galeriste Nathalie Obadia. « C'est la meilleure foire aux Etats-Unis, clairement notre plus lourd investissement », renchérit Axel Dibie, de la galerie parisienne Crève-coeur. Un autre français, Applicat-Prazan, participe à la manifestation pour la première fois. « Nous sommes déjà présents à Art Basel et à Art Basel Hong-Kong, et Miami peut nous apporter de nouveaux clients », espère le galeriste Franck Prazan. Son stand de 80 mètres carrés lui coûte, avec les aménagements, plus de 100.000 dollars. Il a limité le risque en prévendant un tableau de Soulages et un autre de Poliakoff pour 1 million d'euros chaque.
Ventes d'importance dès le premier jour
Afin de profiter à plein de la vitrine mondiale offerte par Art Basel, Miami s'est empressé de terminer pour la foire la rénovation ou l'ouverture de plusieurs lieux culturels comme le Bass Museum, fermé pour travaux depuis deux ans, et l'Institute for Contemporary Art, qui a reçu le soutien financier du plus gros concessionnaire automobile de la ville, le collectionneur Braman.
Les promoteurs ont joué un rôle clef pour installer Miami dans le paysage artistique mondial. Dès la fin des années 1980, le promoteur et collectionneur Craig Robins a ainsi revalorisé le quartier Art Deco de South Beach, avant de créer le fameux Design District, puis de lancer en 2005 l'évènement Design Miami (36.000 visiteurs l'an dernier) rassemblant les designers et éditeurs de meubles et objets décoratifs. En partenariat avec MCH Group, propriétaire de Art Basel, il se déroule sous une tente face au Convention Center.
A son tour, le promoteur new-yorkais Tony Goldman a, lui, reconverti les entrepôts désaffectés de Wynwood, permettant aux street artistes d'investir les murs du quartier. En 2009, cette galerie à ciel ouvert devenait les Wynwood Walls. Le promoteur Jorge M. Perez a, lui, donné son nom au Perez Art Museum inauguré en 2013, pour avoir apporté 35 millions de dollars à l'institution signée Herzog et De Meuron, sur les 131 millions nécessaires.