Dans le cadre d’un appel d'offres lancé par le Miami Dade College, le projet muséal du collectionneur et galeriste Gary Nader suscite la circonspection en Floride.
Révélé il y a deux ans, le projet de musée d’art latino-américain porté par Gary Nader a provoqué une compétition dont il n’est même plus sûr de sortir vainqueur. En octobre 2014, le marchand d’art annonçait qu’il voulait ouvrir un musée dédié aux artistes d’Amérique latine sur un site appartenant au Miami Dade College. Le projet prévoit la construction d’un bâtiment estimé à 900 millions de dollars, conçu par l’architecte Fernando Romero, qui comprend, outre le musée, un théâtre, un centre de conférences et un restaurant gastronomique. Dans les 22 000 mètres carrés d’espace d’exposition prévus, Gary Nader compte présenter près d’un millier d’œuvres issues de sa collection, évaluée par ses soins à 60 millions de dollars, de Fernando Botero à Wifredo Lam, en passant par Joaquín Torres-García ou Diego Rivera. Face à cette proposition, non sollicitée, l’établissement universitaire a dû mettre en place un appel d’offres, comme l’exige la loi de l’État de Floride, auquel trois autres promoteurs ont répondu. Réuni jeudi 19 avril, le conseil d’administration de l’université américaine a retenu trois candidatures sur les quatre présentées, dont celle de Gary Nader. Mais surprise : le projet de ce dernier n’arrive qu’en deuxième position, derrière celui, plus modeste, de Jorge Perez, dont un musée d’art contemporain de Miami porte le nom, le Pérez Art Museum Miami. Personnalité sulfureuse dans le monde de l’art outre-Atlantique, ayant déjà eu maille à partir avec la justice, Gary Nader n’a pas hésité à attaquer son concurrent en le qualifiant de « pire chose qui soit arrivée à la culture à Miami ». Quant au troisième projet sélectionné, celui du promoteur Gregg Covin, épaulé par l’architecte Chad Oppenheim, il fait figure d’invité surprise mais ne devrait pas remporter la mise. Une chose est sûre, la lutte ne fait que commencer pour Gary Nader, dont la mégalomanie — il exige notamment que le futur musée porte son nom — fait les choux gras de la presse en Floride.